jAmAis4sAns21
-
acTUalité

lEsPetItEscoUroNnES
-
sYnoPSiS
- eXtRAiTs
- b. O. L.

conTRelevenTReducheValmoRt
-
eXpérIence
- fRagmeNts

ÔdeseTlégEndesdes3moNdEs
- éLévaTion
- COnjURatiONs

PorTdelAcroiXobligAToirE
- iNtEntIOns
- RésUlTatS

oliVieRtOuzEau
-
bioGraPhiE
- aTTriBUtsdupOuVoIR
- DéCIbeLS
- DomMAgescOllaTéraUx
- CoNtExte
- contAcT

 

 

FRAGMENT # 3

 

En un rien de temps, tu te retrouves sur le palier, d’où tu l’entends qui fume une cigarette. Ça ne fait pas de bruit, mais tu présumes que c’est ce qu’elle fait. Tu jettes un œil sur les filles qui attendent, et sur les types qui passent, en bas, qui cherchent quelque fourreau ni trop sale, ni trop étroit, ni trop passager ; et chacun de mettre plus de grâce à tenir son rôle que n’en saurait mettre un saint à porter son auréole.

Tu te sens un peu comme un girafon au moment de la mise bas ; tu flottes là, entre deux feux, l’air de déborder du monde, et les pattes dans le vide ; tu attends l’expulsion, et les quelques décimètres de vol non motorisé ni contrôlé qui devraient suivre ; dans l’attente de quoi, le seul remède à l’angoisse, c’est retarder la chute. Pourtant, tu rassemblerais bien tes mains, étendrais bien les bras droit devant, courberais facilement l’échine et fermerais les yeux pour, hop, plonger. Les nuits sont chaudes, et le macadam solide, tu le sais.

Tu descends les marches, doucement, lentement, le pas mal assuré ; la poignée de ta valise te glisse dans la main ; tu abordes en chancelant le couloir qui mène à la rue ; tu passes la sublime porte de l’endroit, dont aucun sultan ne voudrait, tout compte fait. Les deux gardiennes callipyges qui en contrôlaient l’accès sont à l’ouvrage, quelque part. Tu remontes la rue, le boulevard, tu optes pour quelque grand axe sans que ta volonté y soit finalement pour grand chose. Tu joues les automates. Tu es un peu comme un marin sur la Pinta, qui tiendrait la barre d’une main molle, avec en tête l’idée que, de l’autre côté du bord visible du monde, il n’y a rien ? que le vide.

Le monde est trop vaste pour que tu t’y emboîtes ; l’on dirait, parfois, que cette vaste bête-là refoule ses bébés avec un bel empressement. Et tu ne sais déjà plus si c’est du refoulement ou bien du zèle que l’on y met que te vient la douleur.



< FRAGMENT # 2 | FRAGMENT # 3 | FRAGMENT # 4 >

 

(c) Olivier Touzeau / Jamais4sans21.com 2008-2018   
Bookmark and Share